C'est l'heure du thé |Akira & Mathilda|

Akira et Mathilda ~  

Après un coup d'oeil par la fenêtre, je devinais que les lieux n'étaient pas habités. Que faisais-je donc ici ? Eh bien, c'était l'heure du thé ! Je m'étais donc tout naturellement dirigée vers la maison la plus reculée et la plus à l'écart afin d'être certaine que personne ne me dérangerait, puis, j'avais mis de l'eau à chauffer sur le gaz et j'avais emprunté deux tasses que j'avais nettoyés et dans lequel j'avais déposé un petit sachet de thé. Pourquoi deux ? Aux dernières nouvelles, je n'étais pas encore folle, mais c'était par principe, si quelqu'un arrivait, je me devais de lui proposer l'hospitalité -bien que je ne sois pas chez moi- en lui servant une tasse de thé pendant je terminerais la mienne. J'installais la table près d'une fenêtre de la cuisine qui donnait sur un jardin calme et sauvage puis plaçais deux chaises -une de chaque côté- avant de faire couler le liquide brûlant dans les petites tasses, après quoi je partis à la recherche de petits gâteaux à me mettre sous la dent.

Tout en retournant les placards, je songeais que pour bien des gens, ma petite coutume avait l'air totalement stupide. Seulement, je ne pouvais concevoir une journée sans un bon thé. Pas simplement pour me remplir le ventre de sucrerie ou pour me donner un certain genre distingué, non, plutôt parce que le thé me permettait de faire le point sur ce qu'il m'était arrivé dans ma vie. Je revenais sur mon passé, sur nos passés pour être plus exact. Mathilda et Mary... Il était dur pour certain de savoir qui était vraiment qui puisque nos corps avaient carrément fusionné, mais en général, c'était moi, Mathilda, qui prenait la parole, alors que le fait de prendre du thé était un tic qu'avait eu Mary bien avant de me connaitre...

Je poussais un soupir en fermant la porte du dernier placard. Pas de gâteaux, je n'avais réussi qu'à dénicher des restes de pâte à tarte... Bon eh bien dans ce cas, il ne me restait plus qu'à découper cela en petits morceaux et faire cuire le tout au four puisqu'heureusement pour moi, à défaut d'avoir l'eau chaude, il y avait semblait-il un peu d'électricité en réserve ! Je m'exécutais donc sans trop rechigner face à la tâche et à peine cinq minutes plus tard, les fourneaux de la cuisine ronronnaient agréablement. Je retournais donc m'asseoir, heureuse de pouvoir me reposer un petit peu ici. Par reposer, j'entendais surtout m'isoler.

Ces derniers temps, rien n'avait été facile pour moi, j'avais été promue Elite avant même d'avoir pu vraiment m'imaginer avec ce rôle et on m'avait donné tellement de travail dans des villages que j'avais cru mourir. Des villages ! Vous vous rendez compte ! C'était horrible ! Il y avait des gens partout ! Absolument partout ! Dans toutes les maisons ! Dans toutes les rues ! Et ils avaient des enfants ! Et des fenêtres pour me regarder en croyant que je ne les voyais pas ! A un moment, j'avais cru mourir et j'avais surtout cru craqué, alors, plutôt que de transformer tout un village en pierre, j'avais décidé de me retirer dans une de ces habitations pour reprendre mon souffle.

Je me redressais subitement. C'était moi où j'avais entendu un craquement de branche provenant du jardin ? A moins que le vent ne souffle très fort. Je regardais par la fenêtre. Non, il n'y avait pas de vent. Aucun nuage à l'horizon non plus. C'était une belle journée. Mais dans ce cas, pourquoi est-ce que j'avais la curieuse impression que c'était quelque chose d'humain qui avait fait du bruit ? Il ne devait pas être très malin pour faire autant de bruit en tout cas.

A moins qu'il ne m'ait pas vu. L'une des particularités des méduses étaient d'avoir un corps qui semblait taillé dans la pierre et on m'avait déjà fait remarquer de je ressemblais vraiment à une sculpture lorsque j'étais perdue dans mes pensées. Ca pouvait expliquer que l'intrus n'ait pas fait plus que cela attention à moi. Pourtant, j'étais effrayée à l'idée que l'on me fasse du mal et surtout à l'idée que je puisse faire du mal, très vite, je bu la dernière gorgée de mon thé avant d'aller arrêter le four et de me réfugier sous la table de la cuisine, mes mains plaquées sur mes yeux. Je ne voulais pas tuer quelqu'un uniquement parce que j'avais le coeur d'un petit lapin à m'emballer pour trois fois rien !

Je tendis l'oreille priant pour que personne n'entre, mais c'était sans compter sur la bonne odeur de la pâte cuite qui régnait tout autour de la petite maison. Bientôt, je cru entendre des bruits de pas se rapprocher et je me mordis la lèvre. Il était évident qu'il m'avait vu désormais et puisque je ne pouvais pas en être sûre, je dû attendre d'entendre les pas s'arrêter juste devant moi pour dire à l'inconnu :

- Ne me regarde pas, part! Sinon je vais te tuer !

Ma voix était très proche du désespoir. Non, je ne voulais pas tuer. C'était mal de tuer, c'était comme si je participais à la guerre alors que c'était ce que je voulais absolument éviter ! Il fallait qu'il parte, je voulais qu'il parte !